Mikal Bridges - La définition du mot "valuable" ?
- Gaspard Devisme
- 16 avr. 2022
- 6 min de lecture
Véritable glue guy des Suns, Mikal Bridges est l'une des raisons majeures du succès de l'équipe de Monty Williams. Arrivé dans l'Arizona en 2018, il y est titulaire depuis deux ans. Surprise, Phoenix joue le titre depuis deux ans. Il est vrai, l'arrivée de Chris Paul en 2020 a sans doute légèrement joué, mais qu'en est-il de l'apport du gardien de prison du Footprint Center ?

Ceci n'est pas un montage
Pur produit de Pennsylvanie, Mikal Bridges fait ses classes dans l'État jusqu'à être drafté par la ville qui l'a vu naître, Philadelphie. Il quitte la ville de l'amour fraternel au collège pour rejoindre Malvern à quelques dizaines de kilomètres. C'est dans cette même ville que The Warden passe son lycée à la Great Valley High School où il connaît une croissance express et se révèle en tant que prospect à suivre pour les universités américaines.
Comme Kyle Lowry quelques années avant lui, Mikal choisit de rester dans sa région natale pour ses années universitaires et rejoint les Wildcats de Villanova en 2015. Enfant du pays, talentueux, gros défenseur, l'ailier joue un rôle important dès son année Freshman à Villanova. En sortie de banc, il joue vingt grosses minutes de moyenne durant les quarante matchs qui emmènent les Wildcats vers le sacre NCAA. La saison suivante, Bridges gagne sa place dans le cinq majeur au cours d'une saison qui voit les étudiants de Pennsylvanie, surpris par Wisconsin, s'arrêter au deuxième tour de la March Madness.
En remportant deux titres NCAA, Mikal Bridges se rapproche par exemple Kareem Abdul-Jabbar qui en détient trois avec UCLA. KAJ, également en NCAA pour trois saisons.
S'il fait aujourd'hui office de favori au titre avec les Suns pour sa quatrième saison en NBA, il a suffi de trois saisons à Mikal pour remporter deux titres universitaires. En 2016 donc, mais également pour sa dernière année chez les Wildcats, en 2018. En finale, Donte Divincenzo prend toute la lumière, à juste titre, mais la performance de l'ailier de Villanova est une parfaite représentation du joueur qu'est Mikal Bridges. 19 points à 7/12 au tir, un perfectible 3/7 à 3 points, du hustle et de la défense dure. Michigan en dehors de son chemin, le futur lottery pick se dirige droit vers la Draft 2018. Une jolie cuvée, garnie de joueurs comme Luka Dončić, Trae Young, Jaren Jackson Jr, ou encore Anfernee Simons, mais surtout Marvin Bagley The Third.
La belle histoire continue pour le gamin de Philadelphie, sélectionné par les Sixers avec leur dixième choix. En plein marasme avec Bryan Colangelo tout juste débarqué et Brett Brown nommé GM intérimaire, Philadelphie ne perd pas le nord et voit en Zhaire Smith un bien meilleur potentiel qu'en Bridges. Transféré, Mikal coupe les ponts avec la Pennsylvanie et rejoint Phoenix qui envoie donc son seizième choix de Draft chez les 76ers. Quatre ans plus tard, l'ailier a joué 296 matchs de plus que Smith dans la grande ligue (à peu près tous les matchs que l'on peut jouer en quatre ans). Il forme aujourd'hui avec Deandre Ayton et Jae Crowder le frontcourt de la meilleure équipe NBA de la saison régulière, emmenée par l'un des backcourts les plus flashy de la ligue : le tandem Devin Booker - Chris Paul.
Drafté à la maison, un rêve... De courte durée
Derrière l'éclat du backcourt bien piquant des Suns, la peinture des cactus n'a pas à rougir. Si le premier choix des Suns en 2018, Deandre Ayton, y est évidemment pour quelque chose, Mikal Bridges est peut-être la clé d'une équipe aussi performante des deux côtés du parquet. Toujours meilleur défensivement, il est aussi devenu, d'un timide shooteur, une vraie menace à trois points. Petit point analyse #1 : défendre sur une équipe qui a Chris Paul et Devin Booker, Deandre Ayton dans la peinture, et deux shooteurs que l’on ne peut pas laisser seuls derrière l’arc, c’est pas facile. Petit point analyse #2 : attaquer sur une équipe qui a Chris Paul et Devin Booker, Jae Crowder, Deandre Ayton dans la peinture, et un joueur qui peut défendre sur n'importe qui des postes 1 à 4, c'est pas facile. Ce dernier, vous l'aurez deviné, n'est autre que le sujet principal de cet article.
Officiellement ailier préféré de Damian Lillard en NBA, Mikal Bridges est l'incarnation typique du joueur dont un coach souhaite disposer derrière ses All Stars. De la défense, quelques rebonds quand il faut, un tir fiable, pas de vagues. Quand trop de joueurs veulent des responsabilités à tout prix, quitte à performer dans une équipe pétée (disons les termes), Mikal a lui compris son rôle et le remplit à merveille. Si on veut s'enflammer un peu, la meilleure chose à faire est de rentrer dans le jeu des comparaisons. Et là, il y a un joueur particulièrement intéressant qui ressort : Kawhi Leonard. Tous deux draftés en bordure ou en dehors du top 10, ils ont également été échangés le soir de la draft dans des échanges a posteriori discutables, Zhaire Smith pour Bridges, George Hill pour Leonard. Plus que le simple contexte, les profils des deux sont extrêmement proches. On parle de deux postes 3 d’environ deux mètres, 2,15 mètres d’envergure pour l’ailier des Suns, 2,21 mètres pour l'éternel blessé des Clippers.
Alors que The Klaw a découvert la NBA dans une équipe luttant pour le titre chaque année, Mikal a lui connu la dernière place de la conférence Ouest lors de sa saison rookie en 2018/19 avant de devenir la darling de la bulle avec Phoenix en 2020. Depuis, un certain Chris Paul a rejoint le navire et les Suns ne sont rien d’autre qu’un favori au titre. Pour en revenir à notre comparaison, on parle ici de deux joueurs capables de mettre leurs mains là où d'autres n'oseraient même pas jeter un regard : interceptions, contres, intimidation, il s'agit simplement de deux des meilleurs verrous de la ligue. Au scoring, outre des pourcentages du même acabit, la progression de Mikal Bridges chaque saison ressemble fortement à celle de Kawhi jusqu’à ce qu’il devienne le Franchise Player des Spurs aux alentours de sa cinquième saison en NBA. De 8,3 points par match en saison rookie, l’ancien de Villanova est passé à 13,5 deux ans plus tard, et à légèrement plus de 14 cette saison. Le tout à plus de 50% de réussite au tir et 37% à 3 points en carrière. Toute proportion gardée, cette ressemblance confirme le Sun comme l'un des Two-way player (bon en attaque comme en défense) majeurs de la ligue. Une progression linéaire comme celle de Kawhi, et comme semble suivre Bridges, est souvent gage de réussite et régularité sur le long terme.
Leonard a attendu sa cinquième saison pour vivre son premier All Star Game. Quelques petites améliorations statistiques, encore plus de défense, et c'est un nouveau point commun avec Mikal Bridges ?
Maintenant qu'on l'a saucé, voilà les quelques points à perfectionner ou les zones d'ombres concernant la progression du poste 3 de Monty Williams. Premièrement, le plus évident : arrivé assez tard en NBA, à 22 ans, on peut légitimement se demander si Mikal a encore de quoi accéder à l'échelon supérieur alors qu'il approche des 26. Est-il capable de devenir la deuxième option offensive d'une équipe qui joue le haut du tableau tout en gardant son impact défensif, est-il un All Star en puissance ? La constance de sa progression amène à penser que oui, le déclin de Chris Paul (s'il arrive un jour) nous en donnera les premiers éléments de réponse. Concernant son jeu offensif justement, malgré ses longs segments, The Warden n'a jamais fait preuve d'une grande agressivité proche du cercle. Ainsi, malgré une réussite de plus de 80% aux lancers, il n'en tire même pas deux par match. Par exemple, Kawhi Leonard en tirait déjà près de quatre lors de sa quatrième saison en NBA.
Petit bonus, une stat étrange de sa saison 2021/22. Mikal Bridges a terminé la saison régulière à 25% de réussite sur les tirs à 2 points à plus de 5 mètres du panier. Une réussite quasiment divisée par deux par rapport aux saisons précédentes. Néanmoins, ces tirs représentent moins de 5% de ses tentatives, son pourcentage pourrait tout à fait remonter avec un échantillon plus significatif les saisons prochaines.
S'il est possible pour chaque suiveur de la plus grande ligue de basketball au monde de réaliser l'importance du numéro 25 des Suns, cela n'a pas non plus échappé à James Jones. Le General Manager de Phoenix a donc logiquement cadenassé son verrou défensif sur le long terme dès qu'il l'a pu. Après des négociations bien plus faciles que pour son partenaire de draft Deandre Ayton, Mikal Bridges a signé il y a un an un contrat de 90 millions de dollars sur quatre ans, effectif à partir de la saison 2022/23. La famille à l'abri, une grosse équipe à ses côtés, un trophée de meilleur défenseur de l'année à aller chercher, quelques puntos en plus, et Mikal a tout avec lui pour récupérer une maxi kichta en 2026. Enfance et adolescence passées en Pennsylvanie, ses quatre premières saison NBA dans l'Arizona, Mikal Bridges fait dans la stabilité. Bonne nouvelle, c'est la recette parfaite pour viser une bague, et la fenêtre de tir semble plus proche que jamais pour Chris Paul et compagnie.

En route pour le titre ?
Derrière ses deux stars sur les lignes arrières, Phoenix dispose d'un premier choix de draft dominant en tant que pivot, d'un fouteur de mer.. en Jae Crowder, mais aussi d'un des meilleurs défenseurs polyvalent de la NBA moderne en Mikal "Warden" Bridges. Du Chef Curry à James Harden, tous les arrières y sont passés. Le problème ? Même un ailier n'est pas à l'abri de la défense de MB25. Au final, c'est assez simple, avec Mikal, on est toujours sûr de ses fondations.
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