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Finals 1977 - Qui de mieux que 2 MVP ABA pour mettre la NBA à l'amende ? (spoiler : un grand roux)

  • Photo du rédacteur: Gaspard Devisme
    Gaspard Devisme
  • 8 mars 2022
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 avr. 2022

Les fondamentaux de la NBA face à l'extravagance de la ABA, voilà comment on pourrait caractériser ces finales NBA 1977 entre les Blazers de l'ultra efficace Bill Walton et les 76ers des spectaculaires anciennes stars ABA Julius Erving et George McGinnis. Walton est accompagné de l'intérieur All-Star Maurice Lucas, passé par la ABA, mais surtout d'une armée de role players dont on sait ce qu'ils sont capables de faire mais encore plus ce dont ils ne sont pas capables. Face à eux, un sacré roster composé donc de Erving, McGinnis et Doug Collins au sommet de leur art, Lloyd Bernard Free qui commence à faire son trou dans la grande ligue avant de devenir une machine à buckets aux Clippers puis aux Warriors en passant par Cleveland, et le futur dunkeur fou Darryl Dawkins. Sur le papier, c'est acté, 5 ou 6 matchs suffiront à la ville de l'amour fraternel pour se défaire de la bande à Billou. Mais attention, tout l'Oregon est derrière rip city et ses Blazers.


Darryl Dawkins tentant de contrer Walton (et de prouver que la gravité n'est qu'une invention des francs maçons)


22 mai 1977. Game 1 des NBA Finals, les 1ères finales après la fusion NBA-ABA. Comme un symbole, ces finales voient s'affronter les Blazers de Bill Walton, parfait emblème des fondamentaux et du jeu classique de la National Basketball Association, et les 76ers de Julius Erving et George McGinnis, co-MVP ABA en 1975 et représentants du jeu spectaculaire de l'American Basketball Association. "Dr J" Erving a rejoint les Sixers l'été précédent lors de la fusion alors que son compère a rejoint Philadelphie et la NBA un an plus tôt. Les deux All-Stars ont pour mission d'offrir un titre à une franchise dont le dernier trophée fête tout juste ses 10 ans. A l'inverse de leurs adversaires qui ont rejoint la ligue à sa création en 1946, en tant que Syracuse Nationals, les Portland Trail Blazers n'ont que 7 ans d'existence et participent à leurs premiers playoffs.


Julius Erving au ABA All-Star Game, on voit pas le parquet mais à voir le panier on se doute qu'il est haut


Les Sixers sont emmenés par leur duo étoilé tandis que Rip City est l'équipe de son pivot Bill Walton qui rentre dans son prime (et qui en sort aussi malheureusement) accompagné de deux solides lieutenants , le regretté Maurice Lucas et Lionel Hollins à la mène. Les quatre premiers matchs de la série ne laissent pas de place aux surprises, d'abord Phila puis Portland vont chacun remporter leurs deux matchs à domicile, dont deux énormes blowouts des Orégonais, un +22 suivi d'un +32 sur la tête de Gene Shue et ses hommes. Pour le Game 5, la série est de retour en Pennsylvanie pour ce qui semble être le match le plus important des Finales. Les deux équipes s'affrontent donc au Spectrum pour déterminer qui aura la première balle de match de la saison.


Cet affrontement, comme souvent dans la série, s'avère être un match entre Julius Erving - bien épaulé par Doug Collins - et des Blazers bien plus homogènes au scoring. Comme lors des deux matchs précédents, Portland domine la rencontre, jusqu'à compter une vingtaine de points d'avance au début du 4ème quart-temps. Les Sixers, poussés par toute la cité de l'amour fraternel, finissent mieux le match mais ne descendront jamais en dessous des 6 points d'écart. 6 points, justement ce qui sépare les deux franchises lorsque le buzzer retentit. 104-110, les Blazers s'offrent donc le droit de rêver à entrer dans la cours des grands, en décrochant leur première bannière de champion.


Deux jours plus tard, c'est au Memorial Coliseum de Portland que l'on retrouve les joueurs de Jack Ramsay face à leur public alors que pour les 76ers c'est un "win or go home". Côté Sixers, le Doc est sur une moyenne de plus de 28 points sur les cinq premiers matchs alors que son compère All-Star George McGinnis est sur une série très compliquée puisqu'il atteint tout juste les 10 points de moyenne, et ne dépasse pas les 30% de réussite au tir. En face, Walton, avec accessoirement 18 points par match tranquillement au dessus des 50% de réussite, effectue une moisson de plus de 18 rebonds par rencontre avec un petit pic à 24 au match 5, soit plus de la moitié des rebonds totaux adverses. Le Larousse n'a pas de trouvé de meilleure définition à "fondamentaux".


A l'entame du match, Walton est, comme à son habitude, aussi efficace que discret et attend 5 minutes pour marquer ses premiers points après un cafouillage sous le cercle. On le voit distribuer, notamment au travers d'une jolie connexion avec Johnny Davis que l'on verra à plusieurs reprises au cours du match. Après un intérim de 5 matchs dans le BTP, George McGinnis semble enfin au rendez-vous et permet aux Sixers de prendre l'avantage pour la première fois avant l'apparition des joueurs de 2nd unit, Erving poursuit quant à lui ses énormes Finales et postérise Bob Gross pour donner 6 points d'avance aux 76ers qui prennent le 1er break de la rencontre. Cela ne plaît pas à Lionel Hollins, qui avec 15 ans d'avance, nous offre un supersonique spin move avant de finir tranquillement avec la planche. Il permet à Portland de revenir à auteur pour terminer ce 1er quart temps à 27-27.

Ce mec fut MVP NBA en 1978, crois en tes rêves


Jack Ramsay décide d'offrir du repos à Walton en ce début de 2ème quart, mais les Sixers en profitent peu et lorsque le big man retourne sur le parquet, Phila n'a qu'un point d'avance (35-34). En plus de Hollins et Gross qui font un gros taff dans le 5 majeur des Blazers, Dave Twardzik a un bel impact en sortie de banc. Des Blazers au diapason profitent des difficultés des Sixers à trouver Erving et McGinnis pour infliger un 10-0 aux visiteurs et mener 50 à 40. Hollins est superbe au scoring, glisse ses mains partout en défense alors que Walton engloutit rebonds et contres sous son cercle.


L'ancien champion NCAA avec UCLA confirme son rôle de facilitateur chez les Blazers, il rend tous ses coéquipiers meilleurs alors que sans lui, Portland était en 5-12 durant la saison régulière. L'écart monté jusqu'à 15 points, les Sixers limitent la casse en fin de 1ère mi-temps grâce à un énorme Dr J qui rentre aux vestiaires avec 22 points, dont 16 dans le deuxième quart. Le buzzer retentit donc après 24 minutes, 55-67 en faveur de rip city, et un énorme dunk de Johnny Davis sur le pauvre Doug Collins reléguant donc Philadelphie à 12 longueurs.


Les dunks sont d'ailleurs le thème de la mi-temps puisque Larry McNeill et Darnell Hillman s'y affronttent en finale du concours de dunks. Après 5 dunks au ralenti de McNeill, Hillman nous offre un dunk plus dans nos standards modernes et récolte les faveurs du jury. Jury notamment composé du décuple champion avec Boston, Sam Jones.

En début de seconde période l'écart reste stable, McGinnis confirme qu'il fait là le meilleur match de ses finales tandis que Walton permet aux Blazers de garder un avantage de plus de 10 points. Le 1er temps-mort de la seconde mi-temps arrive alors que la différence est toujours de 12 points, les Blazers continuent de faire fonctionner leur armada alors que McGinnis est trop esseulé. Il permet cependant de ramener les siens à 8 points peu après (71-79), alors que 4 minutes 45 secondes nous séparent du quart temps final de ce game 6.


Les dernières minutes de ce 3ème quart voient les deux équipes emmenées par leur leader, Walton, et Erving qui continue son récital offensif. Caldwell Jones permet lui aux Sixers de scorer dans la dernière possession et d'entamer le dernier quart en dessous des 10 points d'écart (82-91).


Avec 12 minutes à jouer dans ce match 6, les Blazers se présentent en position très favorable pour remporter le titre lors de leur 1ère apparition en playoffs. Quand une autre franchise apparue en 1970 (comme Portland) sur la côte opposée a dû attendre 46 ans et 3 Finales NBA pour soulever le graal, on comprend pourquoi rip city, dont les Blazers sont la seule franchise participant à l'une des ligues majeures aux US, ne fait qu'un pour permettre à ses joueurs de faire la gloire de la ville.

McGinnis et Erving, auteurs de 24 et 30 points jusqu'ici, ont pour mission de ramener Philadelphie à auteur pour arracher un game 7. Et en ce début de quart temps c'est plutôt bien parti, une grosse défense du Doc qui continue de scorer, McGinnis provoque la 5ème faute de Mo Lucas, et les 76ers ne sont plus qu'à 5 points des Blazers. L'écart se stabilise à nouveau entre +5 et +7 Portland avant que Gross puis Davis ne redonnent 10 points d'avance aux leurs. Seul Erving parvient à stopper une série de mauvaises possessions Pennsylvaniennes (90-102) à la suite desquelles Caldwell Jones sera fouled out.


Les Sixers se retrouvent donc avec le seul Darryl Dawkins en back-up potable dans la peinture, mais on ne parle pas encore du "Chocolate Thunder" faisant frémir les arceaux de tout le pays cher à Uncle Sam.


"Chocolate Thunder" est le surnom donné par Stevie Wonder à Darryl Dawkins, qui compte plus de posters dans sa carrière qu'une fan des One D dans sa chambre d'ado. Dr Dunk, qui a environ autant de surnoms que Bill Russell a de bagues, est le genre de mec à donner des petits noms à ses dunks. On parle ici d'un joueur qui a forcé la NBA à revoir la fabrication des paniers, après avoir brisé quelques plexis et reçu quelques amendes à force de baisser les arceaux sous son poids.

Alors que les Trail Blazers semblent avoir repris le contrôle, Erving sort le grand jeu et paraît plus impactant que jamais pour de nouveau réduire l'écart. McGinnis continue de l'épauler, et Philly n'est plus qu'à 2 possessions des locaux. Commence alors un concours de lancers francs, surtout entre Maurice Lucas pour les Blazers et Lloyd Free pour les Sixers. Celui qui deviendra plus tard World B. Free (aucun lien avec Metta World Peace) permet aux 76ers de rester au contact alors qu'il reste moins de 3 minutes sur l'horloge (101-108). Julius Erving fait l'étalage de ses qualités à mi-distance (103-108), suivi par un clutchissime contre de McGinnis sur Walton. Erving, envoyé sur la ligne, réduit l'écart à 3 points.


Après un 1/2 aux lancers de Lucas (105-109), Joe Bryant se fait salement basher par Walton (peut-être pour ça que fiston Bryant a pris fiston Walton dans son équipe) mais l'inévitable McGinnis prend le rebond et score (107-109). Avec 18 secondes à jouer, les soldats de Gene Shue doivent faire faute... ils font même mieux que ça, encore une fois grâce à McGinnis, qui obtient un entre-deux qu'il gagnera.


Dans cette situation, Damian Lillard enverrait une bombe du parking et byebye les Rockets (ou le Thunder, c'est au choix). Seulement, en 1977 on a pas trop le choix puisque la ligne à 3 points ne fait son apparition que deux ans plus tard pour le coup d'envoi de la saison 79/80.

McGinnis récupère donc la gonfle et la donne à Free qui remonte la balle. McGinnis pose un écran pour son acolyte MVP 1975, Julius Erving, qui manque son tir en tête de raquette malgré une défense attentiste de Bill Walton. Rebond Sixers, et nouveau tir manqué. Erving et compagnie récupèrent une dernière remise en jeu à 5 secondes du buzzer. Alors que Dr J n'a pas été chirurgical sur le tir précédent, c'est McGinnis qui hérite de la responsabilité de ramener les 2 équipes à égalité. Cette fois-ci, c'est Erving qui pose l'écran mais Big George manque son floater. C'est bien de faire 2m03 avec des gros bras mais le toucher de TP9 c'est autre chose. 107-109, BLAZERS WIN!



Après deux matchs timidement dominés par Philadelphie, les Blazers prennent le contrôle des opérations avec deux énormes blowouts puis deux matchs dominés de bout en bout. Le Memorial Coliseum Complex explose avec des fans envahissant le parquet pour célébrer le MVHippie des Finales Bill Walton. Après un nouveau carnage des deux côtés du terrain, 20 points à 8/15 au tir, 23 rebonds et 8 blocks, le leader de Portland n'est pas passé loin d'un triple double All Time (sans compter ses 7 passes décisives, bah oui tant qu'on y est). La franchise du Nord Ouest américain termine la série avec 4 joueurs au dessus des 15 points de moyenne et donc une bannière au bout. On connaît un numéro 0 qui aimerait aussi pouvoir compter sur un mec de 2m11 solide en défense et capable de faire jouer son équipe. Drôle de coïncidence, un certain Benjamin de Philadelphie correspondrait à la description.

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