Fabrizio Romano - Le football tient son Woj
- Gaspard Devisme
- 3 avr. 2022
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 avr. 2022
Alors que les médias classiques continuent de nous nourrir de rumeurs toutes moins fondées et plus racoleuses les unes que les autres, lui a choisi de se limiter aux posts en deux-cent-quatre-vingt caractères signés de leur indissociable "Here we go!". Qui est Fabrizio Romano, l'insider préféré de ton insider préféré ? Here we go !

Le boss
Depuis l’explosion et la démocratisation de Twitter, les suiveurs de la NBA sont habitués à connaître tous les échanges, signatures de contrat et autres prolongations avant même leur officialisation. Derrière ces annonces ? Un homme, Adrian Wojnarowski, le Woj pour les intimes. Aujourd’hui concurrencé par Shams Charania et consorts en NBA, l’auteur des WojBombs a également son alter ego dans le football : Fabrizio Romano. Itinéraire et carrière du journaliste le plus au fait des actualités des marchés des transferts estivaux et hivernaux.
Né à Naples le 21 février 1993, Fabrizio est aujourd'hui âgé de 29 ans et possède sûrement un répertoire plus rempli que l'ensemble des humains de son âge autour du globe. Comme son métier, qui doit s'effectuer dans la discrétion, la vie privée de Fabrizio Romano est opaque. Ce que l'on sait du jeune napolitain est qu'il a entamé cette carrière à l'âge où les autres cherchent leur excuse pour ne pas avoir percé dans le foot. À 17 ans alors qu'il tient un blog personnel où il publie ses articles sur le football, Fabrizio voit son destin basculer lorsqu'un jeune agent italien exilé à Barcelone, sorti de nulle part, le contacte pour son premier gros coup.

Le premier contrat pro de Mauro ? Un cadeau pour Fabrizio
Mauro Icardi, aujourd'hui abonné aux gros titres hors terrain, est le premier coup majeur de l'insider en puissance. À 17 ans donc, Fabrizio est l'auteur d'articles qu'il publie sur son site internet. Un représentant italien en quête de succès en tant qu'intermédiaire dans le football est en charge de la carrière de l'international argentin et contacte son compatriote pour un mouvement imminent. Dans la foulée, l'ex futur ex de Wanda Nara rejoint la Sampdoria de Gênes en provenance de la Masia. En 2013, c'est l'Inter qui toque à la porte pour l'actuel buteur du PSG, nouvelle exclusivité pour Fabrizio Romano qui bâtit son empire.
Depuis, on ne compte plus les "Here we go!" sortis de son chapeau. Le plus gros ? Bruno Fernandes en janvier 2020, mais plus globalement tout ce qui concerne Manchester United. De Bruno au retour surprise de Cristiano Ronaldo, en passant par Paul Pogba, les transferts des Red Devils sont scrutés et permettent aux fans de profiter du teasing du journaliste italien durant des semaines. Supporters de Tottenham mis à part, tout le monde du football est à l'affut des breaking news issues du @FabrizioRomano sur Twitter.

Insulté la veille, alors proche de rejoindre l’ennemi Cityzen, le retour de CR7 à Old Trafford devient le tweet le plus aimé et retweeté de la carrière de Fabrizio Romano.
Aujourd'hui, le média Fabrizio Romano a dépassé le journaliste. S'il travaille pour différentes institutions comme The Guardian, CBS Sports, ou Sky Sport Italy, le Woj du football a toujours mis un point d'honneur à garder son indépendance en refusant différentes propositions de CDI. Ses interventions pour Sky Sport sont reconnues et constituent des moments importants de chaque mercato, mais ses messages sur ses réseaux sociaux sont d'une autre ampleur et représentent une vraie concurrence pour les médias footballistiques traditionnels habitués des rumeurs amplifiées et erronées. Présent sur tous les canaux majeurs, le fan de Watford peut partager ses "Here we go!" à 7.4 millions d'abonnés sur Twitter, 6.5 sur Instagram mais également près de 500 000 sur Twitch où ses streams en période de mercato peuvent atteindre les 40 000 viewers et sont la source d'espoir ou de désespoir préférée des fans du Beautiful Game. Instantanée et plus interactive que les papiers des journaux habituels, la communication de l'Italien s'adapte à son époque en proposant un contenu pertinent et rapide à consommer, parfaitement ajusté à son audience.
Apprécié par les fans lors de ses premières annonces, le "Here we go!" s'est imposé de lui-même, sans préméditation.
S’il fait le bonheur des fans, son métier de rêve a ses inconvénients. Dans un mini-reportage pour BleacherReport, l’Italien nous fait découvrir son quotidien en période de marché des transferts. Des heures au téléphone, des heures sur Twitter, des heures au café sous le soleil de Milan. En gros, il vit la même vie que les touristes estivaux en Italie, sauf qu’il est payé. Mais qu’il ne dort pas. En temps de mercato, ses journées peuvent commencer entre neuf heures et dix heures du matin (pépère) pour se terminer à quatre ou cinq heures du MATIN. 9 – 4, 10 – 5, ça se calcule comme lui passe sa nuit, vite.
S’il peut passer des journées et nuits entières au téléphone pour balancer des bombes à tout va, c’est grâce à un sacré relationnel. En effet, Fabrizio peut être amené, un 23 décembre, à passer toute sa journée au téléphone à souhaiter des bonnes vacances aux acteurs du football mondial. Les amis de mes ennemis sont mes ennemis, les ennemis de mes ennemis sont mes amis, etc…, peu importe. Dans le monde de Fabrizio Romano, on est tous copains.
Depuis la création de son blog d’adolescent, Fabrizio Romano a saisi une opportunité décisive juste avant sa majorité et développé un réseau sans pareil sur la planète football. Plus de dix ans après sa première exclu, son compte Twitter tourne à des chiffres délirants pour un journaliste sportif. Ses trois petits mots habituels sont assez pour retourner la planète football. S’il a aujourd’hui cette chance, c’est parce que l’Italien a parfaitement saisi le virage des réseaux sociaux. On ne fait plus confiance à un média ni à ses titres, mais à une personne avec qui on peut directement interagir. La marque Fabrizio Romano, au-delà de son nom, de son slogan, ou de la quantité de ses informations, est reconnue pour sa pertinence et sa proximité. Sur Twitter ou Twitch, l’immédiateté et la qualité de ses informations décrédibilisent (plus qu’elles ne le font elles-mêmes) les émissions à rumeurs sensationnelles sur les télévisions européennes et mondiales.
Chaque pays a ses insiders, l’Allemagne a par exemple Christian Falk qui a eu le dernier mot sur le transfert de Leroy Sané à Munich, ou celui de Thiago Alcantara à Liverpool, mais aucun n’a l’aura de Fabrizio Romano. L’Italien a aujourd’hui tous les éléments de son côté pour étendre son empire et lâcher toujours plus de scoops. Bonne nouvelle, son mercato hivernal 2023 ne sera pas dérangé par les célébrations d’une victoire italienne en Coupe du Monde (elle était facile).
D’un blog à une influence planétaire, il n’y a qu’un pas. D’une WojBomb à un “Here we go!”, il n’y a qu’un océan. En une grosse dizaine d’années, Fabrizio Romano a retourné le game des insiders sur le marché des transferts. De Bruno Fernandes à Ferran Torres, de Bruno Guimarães à Cristiano Ronaldo, ces dernières années, tous les plus gros transferts sont passés par Fabrizio Romano. Tout ça grâce à une passe décisive de Mauro Icardi, qui l'eut crû ?
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