Anfernee Simons - Un crack sur les lignes arrières à Portland, comme un air de déjà vu
- Gaspard Devisme
- 26 mars 2022
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 janv. 2023
Anfernee Simons ? "Ce sera une star". Dit comme ça, c'est assez bateau et personne ne vous oblige à y croire. Mais quand on sait que cette petite phrase a été prononcée par Damian Lillard avant même que le garçon en question n'ait participé au moindre match NBA, ça a au moins le mérite de questionner. Après trois années sous les radars où seuls quelques membres de la Blazers Nation ont vu le potentiel du garçon de Floride, le poulain de Dame a éclaboussé la ligue américaine de son talent et risque bientôt de taper le plafond du Moda Center avec son crâne tant son potentiel croît.

Anfernee Simons, la clé des Blazers pour viser un autre trophée qu'un Dunk Contest au rabais ?
Loin de la lumière qu'il attire actuellement, Anfernee Tyrik Simons naît le 8 juin 1999 à Altamonte Springs en Floride. Floride ? Anfernee ? 90s ? En effet, difficile d'échapper à l'ouragan Anfernee "Penny" Hardaway lorsque l'on habite proche d'Orlando dans les années 90. Même si le génial arrière du Magic est déjà au terme de son trop court prime, l'influence est indéniable et c'est avec le poids de cet héritage qu'Anfernee Jr grandit pour devenir un combo guard à même de regarder droit dans les yeux son illustre prédécesseur.
À seulement 22 ans, le meneur de Portland en est déjà à sa quatrième saison dans la grande ligue qu'il rejoint via la Draft 2018 où il est sélectionné par les Blazers en 24ème position. Comme le sait déjà bien la franchise Orégonaise, pas besoin d'aller chercher un guard issu d'une université prestigieuse pour en faire un (quasi) All Star. Après avoir sélectionné Damian Lillard au terme de son programme à Weber State et CJ McCollum à l'issue de sa formation à Lehigh, le front office de Portland va tout naturellement chercher Anfernee Simons qui a décidé de faire une croix sur l'université et termine son année à l'IMG Academy, spécialisée dans le développement des jeunes sportifs. Installée en Floride, l'académie n'a pas permis au jeune garçon de découvrir autre chose avant de rejoindre Portland et le Nord Ouest du pays. En effet, avant cela Anfernee n'a connu que le lycée d'Edgewater à Orlando et la Montverde Academy, où il joue peu avant de retourner à Edgewater. À l'IMG Academy, voilà ce qu'Anfernee Simons dit de lui même : "Je suis un scoreur agressif qui peut aussi passer un peu. [...]. Je peux utiliser mes capacités de scoreur à mon avantage pour pouvoir faire des passes". Lucide, le garçon rejoint la NBA dans l'espoir de pouvoir étoffer ce discours au cours de sa carrière.

Toujours le même visage depuis le lycée, il va falloir s'habituer à cette baby face.
Après un court mais mouvementé parcours académique, "Ant" Simons rejoint la NBA en 2018 alors que les Blazers sélectionnent aussi Gary Trent Jr, avec qui le 24ème choix de la draft doit représenter le futur de rip city. Tous deux peu utilisés en cette saison 2018/19, les splash bros de wish s'amusent lors du dernier match de saison régulière. Saison durant laquelle Simons effectue également un court passage chez les Agua Caliente Clippers en G League. Ce dernier match avant l'épopée des Blazers en Playoffs voit les hommes de Terry Sotts affronter un concurrent au podium à l'Ouest. En vrai, c'était contre les Kings. Un match intéressant pour "Scary Gary" à 19 points et 8/19 au shoot, un vrai carton pour le meneur qui termine avec 37 points au compteur, un joli 7 sur 11 derrière l'arc, 6 rebonds et 9 passes décisives. Malheureusement, après une importante prise de responsabilités à Portland, Gary est tradé deux saisons plus tard contre Norman Powell (jusque là, ça va) qui se transforme, un an après, en un terrifiant duo Eric Bledsoe - Keon Johnson. Joli move. Revenons en à nos fourmis, depuis son carton face à Sacramento, Ant a connu deux ans de lente progression avant de voir ses responsabilités revues à la hausse en cette saison 2021/22, synonyme d'explosion pour le joueur de Chauncey Billups.
37 points pour une première apparition dans un cinq majeur en NBA ? Simplement le meilleur total depuis la saison 1985/86.
En effet, cette année, Simons tutoie les trente minutes de moyenne par match après avoir passé trois saisons entre sept et vingt minutes sur les parquets, dont sa saison rookie à seulement vingt matchs joués. Après avoir passé les deux dernières saisons en tant qu'energizer en sortie de banc avec un temps de jeu irrégulier, Anfernee confirme depuis Octobre les promesses déjà entrevues au scoring. Longtemps barré par le tandem Lillard-McCollum, et par Gary Trent Jr puis Norman Powell, le candidat au tophée de Most Improved Player n'a pas laissé passer sa chance alors que sa franchise n'a d'autre but que de perdre pour monter à la draft cette saison. Si le tank est de sortie à Portland, Simons enchaîne les énormes perfs et montre d'énormes progrès dans toutes les facettes de son jeu. En simplifiant, on pourrait résumer sa prise de pouvoir à l'année 2022, qui correspond à la fin de saison prématurée de Dame Lillard et à la blessure puis au trade de CJ McCollum. En 27 matchs en 2022, Anfernee Simons c'est 23,3 points de moyenne en presque 50/40/90 et légèrement moins de 6 passes décisives par match. L'échantillon est faible mais force est de constater que lorsqu'on lui en a donné l'opportunité, il l'a saisie à deux mains.
Comme on l'évoquait précédemment, Anfernee Simons n'a pas seulement démontré son talent au scoring cette saison mais il a aussi étalé et diversifié sa palette. Outre un shoot qui pourrait lui assurer une place dans un roster NBA pendant 10 ans, Ant est un très bon finisseur près du cercle, doté d'un handle et d'une explosivité faisant de défendre sur lui un vrai casse tête. Tout ça sans parler de sa détente et du rôle de meneur de jeu qu'il a apprivoisé avec une facilité déconcertante en l'absence du patron des Blazers. Lorsqu'il a un pivot à sa disposition, de vraies qualités sur pick & roll se font notamment ressentir. Jusuf Nurkic a d'ailleurs retrouvé des couleurs à ses côtés, rappelant les plus belles heures de la bromance américo-bosnienne entre le pivot et Dame D.O.L.L.A.
Malgré un Slam Dunk Contest 2020 qui ne restera peut-être pas dans les mémoires, et un baiser à l'arceau raté, le nom Anfernee Simons sera à jamais inscrit au palmarès du concours. N'en déplaise à Aaron Gordon.

Il n'y avait pas de public, tant mieux.
Si l'on se fie à ce papier, Anfernee Simons sera considéré d'ici quelques années comme un meneur All Time et l'un des joueurs les plus kiffant à voir jouer en NBA. Évidemment, la réalité est différente et une certaine réserve est nécessaire. Premièrement, on expliquait quelques lignes plus haut que l'avènement du meneur correspond aux absences de Lillard et McCollum. Il y'a d'innombrable exemples de joueurs enchaînant les cartons en tant que leader d'une équipe claquée. En revanche, ceux capables de cartonner tout en rendant leur équipe meilleure et en faisant de la place à un ou deux All Star sont plus rares. La réussite de l'association de la pépite et du revenant Damian Lillard en 2022/23 sera sûrement le facteur X pour faire soit de Portland une grosse cylindrée à l'Ouest, soit pour débuter une ère Dame-CJ 2.0. De plus, si Joe Cronin arrive à récupérer au moins un gros nom pour renforcer la peinture des Blazers, les deux arrières devront se partager la balle tout en nourrissant un collègue à l'intérieur. En outre, si ses qualités offensives ne sont plus inconnues à grand monde, ses capacité à gêner un adversaire en défense sont beaucoup plus floues. C'est précisément ce qui a fait du mal à Portland sur les dernières saisons malgré une attaque dans le Top 5 de la ligue entre 2018 et 2021. Encore une fois, les limites rencontrées par le précédent backcourt de rip city pourraient se faire ressentir exactement de la même manière en associant Simons et Lillard. Enfin, une blessure n'est jamais très loin et les Trailblazers n'ont sûrement pas oublié le trop court passage de Brandon Roy dans leurs rangs. Si The Natural est un cas à part, on comprend pourquoi le management ne prend aucun risque avec le genou de son crack, et le laisse à l'infirmerie depuis trois semaines sans affecter le moins du monde le rythme de sénateur du tank orégonais.
Les bases sont là, il faut maintenant confirmer cela dans une équipe qui joue pour gagner et non pour perdre (c'est bête à dire effectivement mais ça a son importance). La saison prochaine, Ant sera plus que certainement aligné en deuxième arrière à côté de Dame Time et d'un ailier ou pivot récupéré par le management à l'intersaison. Si l'alchimie prend, l'Ouest connaît déjà l'un de ses nouveaux poils à gratter. En revanche, quelques difficultés et Anfernee devra être prêt à jouer quelques saisons à la tête d'une équipe à la course au premier pick de draft. En bref, scoring, playmaking, hype, tous les ingrédients sont là, on parsème le tout d'un peu de défense, et on obtient un bon plat pour mettre toute la NBA dans la sauce.
Si vous n'êtes pas encore montés dans le train, il n'est pas trop tard.
Responsabilisé par Chauncey Billups dès le début de la saison régulière 2021/22, Anfernee Simons a profité des circonstances à Portland pour se révéler aux yeux de tous. Entre des soucis organisationnels avec le départ du très apprécié Neil Olshey (pas du tout), des contretemps sportifs avec les blessures d'un Damian Lillard pas au niveau, d'une "Bosnian Beast" qui n'effraie personne, et le départ de CJ McCollum, les planètes sont alignées à Portland pour laisser les clés du camion à Ant cette saison. Maintenant, attention à ce qu'il se passe dans l'angle mort pour la suite.
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