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Oscar Piastri - En route pour les sommets (après un arrêt aux stands)

  • Photo du rédacteur: Gaspard Devisme
    Gaspard Devisme
  • 25 févr. 2022
  • 8 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 avr. 2022

Crack multi-titré en monoplace, successeur annoncé de Fernando Alonso chez Alpine, Oscar Piastri est la relève du sport automobile australien. Derrière un volant depuis dix ans, l'Australien est un modèle de constance dans sa progression. Il arpente les compétitions européennes depuis ses 15 ans, reste sur un triplé en 2019-2020-2021 et impressionne ses ainés. Son compatriote Mark Webber l'a pris sous son aile, et Charles Leclerc lui réclame une place sur la grille; que vaut vraiment celui en qui Alpine fonde une grande partie de ses espoirs de renouveau dans la catégorie reine, et à quoi son avenir ressemble-t-il ?



Commençons par le commencement, Oscar Piastri est un pilote automobile Australien arrivant sur ses 21 ans. Né à Melbourne, Oscar est issu d'une famille traditionnellement attirée par les sports mécaniques. De parents italo-australiens avec deux grands pères mécaniciens et naturellement suiveurs de course automobile, le premier contact entre le jeune Piastri et la course survient lorsque son père rentre d'un voyage d'affaires avec des voitures télécommandées. S'en suivront d'intenses batailles entre père et fils (avec de sacrés résultats que l'on ne détaillera pas ici) avant qu'à ses dix ans l'actuel pilote de réserve d'Alpine ne se voit offrir l'opportunité de monter dans un kart. Une semaine plus tard, Oscar a le sien; on ne perd pas de temps chez les Piastri. Après quelques temps de cohabitation, le karting prend le dessus sur les voitures télécommandées et le jeune espoir entre définitivement en piste. Alors qu'un bon nombre de pilotes sont baignés dans un univers de pédales, volants et autre pots d'échappement dès qu'ils sont en âge de marcher, le wallaby a d'abord grandi dans un environnement portant un intérêt pour la course en tant que fans. Après quelques années à faire face aux voitures télécommandées de son paternel, l'aîné de la fratrie Piastri passe donc derrière le volant en 2011 avant d'enchaîner les étapes comme des checkpoints sur Mario Bros.


Cette image existe et c'est déjà exceptionnel


En 2014, pour sa première participation à des championnats nationaux en Australie, Oscar termine deuxième. A peine quelques mois plus tard, au Mans, c'est une troisième position pour la première compétition internationale du prodige. Quand on vous dit qu'on ne perd pas de temps chez les Piastri. Les résultats concluants de Piastri sont la preuve d'un talent que son père ne peut pas se permettre de laisser concourir uniquement en Australie. En 2016, Oscar a 15 ans et déménage en Grande-Bretagne, accompagné par son père durant les premiers mois. Malgré des difficultés d'adaptation logiques, notamment au niveau scolaire, Piastri Jr gravit les échelons et se voit offrir le choix entre rejoindre la Formule 4 et concourir en karting avec les seniors. Après quelques courses disputées en championnat de Formule 4 des Emirats Arabes Unis en 2016, il est immédiatement à son aise dans la monoplace. Le pilote des antipodes rejoint alors la Formule 4 Britannique pour la saison 2017.

Privée de titre en Formule 1 depuis Alan Jones en 1980, l'Australie fait peut être face à son pilote le plus talentueux des dernières décennies, n'en déplaise à Danny Ric et Mark Webber.

Pour une première saison complète en monoplace, l'objectif est avant tout de gagner en expérience, en régularité et prendre du rythme semaine après semaine. Pari plutôt réussi pour le rookie australien qui remporte 6 courses parmi les 30 réparties sur dix week-ends. À cela s'ajoutent six poles, toutes acquises en deuxième moitié de championnat. Parmi les plus jeunes pilotes du championnat, Oscar termine la saison à la deuxième place derrière Jamie Caroline, plus expérimenté et plus âgé mais qui, on ne s'avance pas trop, ne touchera pas de Formule 1 dans le futur. Après une saison où Piastri progresse constamment jusqu'à obtenir plus de la moitié des poles positions lors des cinq derniers meetings, l'Australien rejoint la Formula Renault Eurocup et l'écurie Arden avec qui il a disputé quelques courses durant l'année 2017. L'occasion pour Oscar de passer encore un rapport et découvrir le pilotage d'une Formule 3. Sans titre mais toujours placé, le pilote a montré depuis ses débuts une régularité à toute épreuve jusqu'à cette triste saison 2018. Sans la moindre pole ou la moindre victoire au compteur, Piastri termine à la 8ème place avec 110 points, soit 109 de plus que son coéquipier Sami Taoufik. Certes, les engins de Formula Renault Eurocup sont les mêmes pour chaque écurie, mais quand ton coéquipier n'inscrit qu'un seul point en vingt courses alors que tu termines douze fois dans les points et grimpes trois fois sur le podium, nul besoin d'avoir fais maths sup pour comprendre que tu as tiré ton équipe vers le haut.


A défaut de remporter un championnat, Oscar nous offre de jolies images en F4


De 2011 à 2018, tout va très vite pour le garçon qui a la chance d'avoir l'appui de sa famille pour tenter sa chance dans le sport malgré un manque de sponsors comparativement à certains de ses camarades. Ses résultats lui permettent de monter en catégories mais n'ont pas encore suscité un enthousiasme extrême puisque le pilote de Melbourne n'a encore jamais remporté le moindre des championnats auxquels il a participé.


2019 : deux saisons en monoplace au compteur et une titularisation chez R-ace GP, tenant du titre avec Max Fewtrell, la deuxième saison en Formula Renault Eurocup doit être celle de l'affirmation. Sept victoires : deux à Silverstone et au Nürburgring, une à Spa, et une lors du dernier week-end à Yas Marina, le contrat est rempli avec la manière pour Oscar Piastri qui se voit donc offrir une place au sein l'académie jeunes pilotes de Renault (aujourd'hui Alpine). Un boulevard jusqu'à la Formule 1 ? Pas si sûr. Réputée pour ne pas emmener ses pépites jusqu'à la Formule 1, l'écurie d'Enstone offre néanmoins à son nouveau poulain l'assurance d'un soutien et d'une place en Formule 3 FIA en 2019.


Enfin titré en course automobile, Oscar a maintenant la légitimité et la confiance nécessaire pour aller plus haut. L'Australien a les moyens de ses ambitions puisqu'il est engagé par Prema pour la saison 2020 de Formule 3. Dans une saison largement retardée par le Covid, Oscar Piastri, Théo Pourchaire et Logan Sargeant se livrent un combat acharné qui tourne à l'avantage de l'Australien qui fait parler sa régularité tout au long de la saison. Sargeant dit adieu au titre en ne terminant pas ou manquant les points sur trois des quatre dernières courses. L'espoir français réalise lui une saison du même acabit que Piastri mais ne récolte aucun point du meilleur tour en course contre trois pour l'Australien... Pour 3 points d'écart en fin de saison.


Une image que l'on pourrait être amené à revoir


En toute logique, le crack en puissance poursuit l'aventure avec Prema en 2021. Le dernier échelon avant la catégorie reine est sûrement le plus intéressant pour Piastri. Après le back-to-back de 2019-2020, le jeune homme est attendu, et face à lui se présente son coéquipier Robert Schwartzman, quatrième de la saison 2020 de F2. Après une victoire dès la deuxième course du premier weekend de la saison, Oscar se voit prendre la tête pendant quelques semaines par son collègue chez Alpine; Guanyu Zhou. Comme en 2017, c'est la deuxième partie de saison qui voit l'ex pilote de voitures télécommandées prendre la pleine mesure de son engin. C'est simple, sur les cinq derniers rendez-vous de la saison, c'est 5 victoires en 9 courses et 5 poles en 5 séances qualificatives. Le bonhomme s'envole et remporte la Formule 2 avec 60,5 points d'avance sur son plus proche poursuivant Robert Schwartzman. L'enchaînement Formule 3 - Formule 2 est un gage de réussite en F1 plutôt fiable puisque jusqu'à présent ça n'a été réalisé que par Charles Leclerc, George Russell, Nico Hulkenberg et King Lewis. Malheureusement, argent oblige, l'aventure Formule 1 démarrera sûrement en 2023 pour le talent Alpine.

8 fois vainqueurs de course entre la F3 et la F2, Piastri fait un peu moins bien que Leclerc (10) et Russell (11), les deux derniers auteurs du back-to-back F2-F3. Mais seul l'Australien peut encore remporter la F1 en tant que rookie. L'espoir fait vivre.

D'un point de vue purement factuel, Oscar Piastri est un phénomène. En prenant une vision plus large, le natif de Melbourne est-il réellement The Next Big Thing en Formule 1 ? Est-il le pilote parfait pour qu'Alpine atteigne des succès plus touchés depuis 2006 et le second titre de Nando ? Petit tour d'horizon des points forts, points faibles, et perspectives d'avenir du protégé de Mark Webber.


Comme nous avons déjà pu le voir, Oscar est rapide, très rapide. En témoignent ses victoires chaque saison depuis son arrivée en monoplace exceptée sa difficile saison 2018 chez Arden. Il semble avoir tiré chaque année le meilleur de sa voiture en ne manquant jamais de mettre ses coéquipiers loooiinn dans les rétros. De plus, le nouveau numéro 81 de la Formule 1 a montré une progression constante extrêmement impressionnante depuis ses débuts derrière un volant. Dès ses premières courses, il joue les premiers rôles, il attend quelques années pour connaître les joies d'un titre mais n'a jamais connu les bas fonds d'une grille. Sa 8ème en place en Formula Renault Eurocup avec Arden en 2018 n'est déjà qu'un lointain souvenir. S'il est difficile de savoir avec précision quelle était sa part de responsabilité dans ces résultats, les piètres performances de ses équipiers de la saison nous en donnent une idée. Depuis son titre avec R-ace GP en 2019, l'Australien semble avoir pris chaque année plus de marge sur sa concurrence. Enfin, un critère purement subjectif, le garçon paraît réfléchi, la tête sur les épaules et prêt à prendre les étapes les unes après les autres. Sa communication à l'aube d'une saison loin de la compétition en tant que pilote de réserve va en ce sens et montre un jeune pilote prêt à attendre son heure.


Les points faibles, plus difficiles à cerner, sont aussi moins nombreux. Sur la piste, Oscar a parfois connu des difficultés sur un tour chrono comme en Formule 3 où il remporte le titre sans décrocher la moindre pole position. Son premier titre en 2019 est acquis avec "seulement" cinq poles alors que son dauphin Victor Martins en a décroché neuf, dont les six dernières de la saison. Seulement, une saison de Formule 2 est passée par là et les cinq poles positions des 5 derniers rendez-vous de la saison nous donnent quelques éléments de réponse sur les capacités de l'Australien à progresser dans tous les aspects de sa conduite. Piastri sera-t-il capable de se battre avec les meilleurs au volant d'une monoplace ne garantissant pas des performances similaires à celles de ses adversaires ? Réponse, on l'espère, en 2023. Au final son point faible majeur est en dehors de son contrôle, comment le crack va-t-il réagir à une saison derrière un simulateur ou, au maximum, un volant en séance d'essais libres ? Là aussi, réponse en 2023.


Bien entouré, mais sans baquet = saison compliquée


Il semble difficile à imaginer que le Melbournien ne soit pas sur la grille en 2023 mais il paraît également compliqué de le voir chez Alpine la saison prochaine. Son heure viendra donc sûrement chez une équipe de fond de grille pour commencer ou chez un concurrent de la marque bleue (pas rose), mais là encore cela paraît inimaginable au vu de son talent et de son contrat avec l'équipe de Laurent Rossi. Le déroulé de la saison et les différents baquets amenés à se libérer seront à surveiller pour Oscar que l'on ne souhaite pas comme coéquipier au moindre pilote payant. En bref, beaucoup de questions à élucider, peu d'indices, mais une énorme hype autour d'un pilote attachant et extrêmement doué.


C'est clair, Oscar Piastri va vite, très vite. P1 dès sa deuxième course en F2, se permettant de coiffer au poteau dans le dernier tour Guanyu Zhou qui a déjà deux saisons dans les jambes, le gamin est précoce. Seulement, ça ne suffit pas, l'univers impitoyable de la Formule 1 ne donnant parfois (souvent) pas la priorité au talent mais aux financements, le diamant d'Alpine ne devra pas manquer sa chance lorsqu'elle lui sera accordée. Peu de doute à ce sujet, mais attention à ne pas laisser un manque d'opportunité ruiner un potentiel hors normes. Responsabilités partagées : Mark, Laurent, Otmar, Fernando, mais surtout Oscar, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

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